Le confinement a provoqué une très forte baisse des accidents de la route en France. Cette brutale diminution de la sinistralité automobile, estimée entre 60 et 80% suivant les analyses, permet aux assureurs de faire des économies. Si certains ont déjà répercuté ces économies sur leurs sociétaires, l’ensemble du secteur se montre prudent. Il n’est notamment pas certain que, sur l’ensemble de l’année, les données soient si positives. Décryptage.
La pandémie de Covid-19 et, surtout, le confinement qui l’accompagne, ont eu un effet choc sur la sinistralité automobile en France. Un grand nombre de particuliers n’utilisent en effet plus ou peu leurs voitures. Plus de trajets au travail pour les salariés arrêtés ou en télétravail. Plus de trajets pour les loisirs, plus de trajets interdépartementaux (sauf urgence), plus de trajets pour amener les enfants à l’école… Les routes de France sont, dans l’ensemble, désertes.
Une baisse de la sinistralité automobile estimée entre 60 et 80% en France
Assez logiquement, cette désertification se traduit par une baisse spectaculaire des accidents de la route. La Matmut estime la diminution des sinistres entre 65 et 70%, la Maif table sur une baisse de 75% à huit semaines de confinement : les chiffres oscillent, globalement, entre 60 et 80% de baisse.
Selon une source du marché de l’assurance, l’économie réalisée, pour une période de 40 jours de confinement, s’établirait à 300 millions d’euros pour les adhérents de la Fédération Française des Assurance (FFA). Cela a conduit certains assureurs à répercuter ces économies sur leurs sociétaires. La Maif a ainsi redistribué 100 millions d’euros à ses assurés, quand la Matmut a décidé de geler ses tarifs d’assurance auto pour 2020 et 2021.
Le secteur des assurances divisé face aux économies réalisées
Mais cette position est loin de faire l’unanimité au sein du secteur. Plusieurs compagnies ont communiqué sur le fait qu’elles ne feraient aucun geste commercial. Elles arguent que la crise leur a coûté cher par ailleurs, mais aussi que l’année est loin d’être finie.
« L’assurance s’évalue sur un cycle annuel et c’est à la fin de l’année qu’on fait les comptes, surtout dans des périodes aussi incertaines », expose ainsi Thierry Martel, directeur général de Groupama. Certains analystes craignent notamment un effet rebond. Le déconfinement pourrait ainsi provoquer un boom des trajets automobiles, induisant des sinistres en forte hausse sur le reste de l’année. Affaire à suivre, donc.