Le ministère des Finances planche actuellement sur le projet d’une assurance pandémie, garantie par l’Etat. Le président du réassureur public CCR vient de prendre position sur ce sujet. Pour lui, aucune assurance privée ne peut couvrir les dizaines de milliards de dommages d’une pandémie de grande ampleur. Même avec une réassurance publique. Seul l’Etat peut donc supporter la gestion financière d’une telle crise.
L’accouchement de la future assurance pandémie promet d’être difficile. Le ministère des Finances coordonne en effet actuellement un groupe de travail, dont l’objectif est de tracer les contours d’une nouvelle assurance couvrant le risque d’une pandémie. Elle devrait ainsi prendre la forme d’un partenariat public-privé, avec une garantie de l’Etat. Mais de nombreux désaccords sont immédiatement survenus, notamment entre les PME / TPE et les assureurs.
Une assurance pandémie d’ampleur, “ce n’est pas gérable par le marché, même avec une réassurance publique”
Le président du réassureur public CCR, Pierre Blayau, vient de donner son avis sur la question. Et il est plus que tranché. Pour lui, le secteur privé ne peut en aucun cas couvrir les dommages d’une pandémie de grande ampleur. Même avec une garantie de l’Etat.
« Trouver un système avec une prime d’un niveau abordable qui permette d’assurer et de réassurer des dommages à hauteur de dizaines de milliards d’euros, ce n’est pas gérable par le marché, même avec une réassurance publique. Il n’y a pas d’assurance magique. Quand le marché ne peut pas faire face, on revient à l’Etat », a ainsi déclaré Pierre Blayau.
Le réassureur public critique avec la proposition de la FFA
Il se montre aussi assez critique avec le système défendu par la Fédération Française des Assurances. Baptisé CATEX, il assurerait une prime de survie aux PME / TPE contraintes de fermer en cas de pandémie, de catastrophe naturelle, d’émeutes ou d’attaque terroriste. Le secteur privé de l’assurance garantirait jusqu’à 2 milliards d’euros annuels. Au-delà l’Etat prendrait le relais.
“A ce stade, ce qui est proposé ne boucle pas” commente Pierre Blayau. “Où est la source de financement qui permettra de mettre en place CATEX ? Si on rajoute une surprime, cela pose le problème de la tolérance au système pour les entreprises”, précise Pierre Blayau.
Il n’est d’ailleurs pas convaincu par le principe d’une assurance couvrant des risques aussi divers. « Je pense qu’il faut une couverture risque par risque, ce qui facilite la modélisation et respecte le principe assurantiel de dispersion », conclut le président de CCR.