La blockchain pourrait incontestablement bouleverser le secteur de l’assurance. Si cette technologie est encore mal connue et mal comprise, sa dimension inviolable et décentralisée offre des perspectives de gains considérables d’efficacité et de rapidité. Des experts du secteur évoquent les perspectives de la blockchain dans l’Assurtech.
La blockchain permet de stocker et transmettre des informations de façon transparente et sécurisée, sans organe de contrôle centralisé. Ce qui en fait une technologie privilégiée pour les transferts d’actifs. Mais elle présente des perspectives qui pourraient bouleverser le monde de l’assurance. Dans ce cas, elle s’adosserait à une blockchain privée (et non publique, comme dans le cas d’une cryptomonnaie).
Cas d’usage de la blockchain en assurance : le smart contrat et l’assurance peer to peer
Le smart contrat offrirait notamment des gains d’efficacité conséquents. “Ces accords intelligents agissent de manière décentralisée, autonome et autosuffisante. Concrètement, le contrat est enregistré sur le registre partagé et s’active automatiquement dès lors que les conditions qu’il définit sont remplies sans intervention humaine”, détaillent Glodie Mpakou-Solo et Maxime Ravet, consultants Square. Les premiers smart contrat en assurance portent ainsi sur des offres en peer to peer ou d’assurance indicielle.
L’assurance peer to peer s’appuie “sur la réciprocité entre assurés. Elle met en réseau des clients qui utiliseront un même service. La Blockchain permettrait de déployer l’assurance P2P à grande échelle, grâce à leur capacité à gérer des règles complexes entre un nombre important de parties prenantes”, expose Eric Barbier, consultant digital spécialisé dans le secteur des banques et des assurances.
De son coté, l’assurance indicielle dépend d’un indice sous-jacent, défini par le contrat. “En fondant cette assurance sur des smart contracts, les produits indiciels seraient automatisés, simplifiés et moins chers”, selon Eric Barbier.
Optimiser le KYC
Autre cas d’usage prometteur de la blockchain pour les assurances : le KYC (Know Your Customer). Ce dernier “permet de collecter un ensemble d’informations pour mieux identifier les clients, les protéger contre l’usurpation d’identité et les risques éventuels de blanchiment d’argent ou de fraude”, selon Glodie Mpakou-Solo et Maxime Ravet.
Dans ce domaine, la blockchain “éviterait la redondance des tâches dans chaque assurance, tout en enregistrant et sécurisant les données préalablement vérifiées par un des membres du consortium. Les atouts seraient multiples pour les institutions financières”, d’après les deux consultants. Le principal serait “la baisse notable des coûts de la conformité”. Mais la blockchain offrirait aussi “une plus grande flexibilité et réactivité face à l’évolution constante du cadre réglementaire sur le sujet”.
Dans l’assurance, l’exploitation à grande échelle de blockchain “semble encore loin”
D’autres cas d’usage existent. Selon Eric Barbier, “le recours à une blockchain privée permettrait d’organiser les flux d’informations pour la réassurance interne”. Elle permettrait aussi “d’améliorer l’efficacité des processus de gestion de capitaux”.
“La blockchain est une technologie prête à être explorée par les assureurs. Mais son exploitation à grande échelle semble encore loin. En effet, la Blockchain fonctionne comme un système distribué et, par conséquent, sa valeur dépend principalement de la collaboration avec des concurrents, des fournisseurs ou autres parties prenantes”, conclut Eric Barbier.